Retraites : le 49.3 de trop ? et après …. le référendum ?

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Emmanuel Macron et Elisabeth Borne. Photo Sipa/Jacques WITT

Au terme d’un examen chaotique qui aura nécessité l’emploi de la force parlementaire et le recours à toutes les armes constitutionnelles que la Ve République offre à l’exécutif pour contraindre le Parlement, le Gouvernement a déclenché l’emploi de l’article 49§3 de notre Constitution. Se trouve de fait adopté le projet de réforme des retraites sans vote de l’Assemblée nationale.

Les groupes parlementaires ont eu vingt-quatre heures pour déposer une motion de censure. Deux motions ont été déposées, par les groupes Liberté Indépendant Outre-Mer et Territoires (LIOT) et RN. Si chaque motion recueille les signatures d’un dixième au moins des députés (soit 57), elles seront soumises au vote de l’Assemblée la semaine prochaine.

Dans les conditions actuelles il y a toutefois peu de chances de voir ces motions adoptées, même si rien n’est à exclure tant la situation parlementaire semble se déliter d’heure en heure.

Motion de censure ou non, cela n’effacera pas l’affront fait par le Président de la République au peuple français.

Élu par défaut et sans autre projet que d’empêcher l’accession de l’extrême droite au pouvoir, le Président n’a pas pris la mesure de l’étroitesse de sa majorité. Convaincu de pouvoir faire pression sur les députés LR pour faire adopter son texte, il a sous-estimé la force du mouvement social soudé et déterminé, massivement soutenu par les Français. Si la majorité sénatoriale a prolongé l’attente, les députés LR, élus au suffrage universel direct, s’y sont refusés.

Rarement le pays n’a été aussi unanime dans son refus d’une réforme jugée injuste et inéquitable, menée sans aucune concertation, sans aucune volonté de négocier et de transiger, alors que l’exécutif s’était déjà heurté au mur de la rue en 2019 : Emmanuel Macron n’a pas appris de la crise des gilets jaunes et continue à vouloir imposer des réformes sans passer par le dialogue.

Le Président a fait le choix politique d’une épreuve de force dont le principal objectif était d’affermir son autorité durant ce second mandat, qui sera également le dernier.

Si le mouvement social dégénère, le Président ne pourra s’en prendre qu’à lui-même. Et si le calme demain revient, la blessure infligée par cet énième 49§3, auquel les Français refusent de s’habituer, sera si profonde que nous pouvons légitimement nous demander ce qu’il restera à faire de ce quinquennat mort-né. Les choses pourraient aller plus loin encore, à savoir, une remise en cause globale de la Vème république et de ses institutions.

Que faire maintenant ? Faire sauter la Première ministre comme un fusible institutionnel ? Dissoudre l’Assemblée nationale pour rebattre les cartes ? Aucune de ces solutions n’est de nature à apaiser les tensions, et une dissolution aujourd’hui aboutirait, presque mécaniquement, à renforcer la dynamique électorale de l’extrême droite. Il faudra attendre la mobilisation du 23 pour voir quelle direction prendra le mouvement social.

Une solution toutefois permettrait au pays de sortir de ce face-à-face dangereux entre le pouvoir et la rue : le référendum. La nature du projet de loi entre dans les critères de l’article 11 de notre Constitution et permettrait d’enclencher un débat public dans le cadre d’une campagne électorale sur le sujet capital des retraites.

Plus qu’une simple réforme comptable, l’enjeu des retraites est celui du modèle de société que nous voulons, d’une conception collective des différents temps de la vie et du légitime droit au repos de ceux qui ont pris leur part. Dans un monde qui exalte volontiers les vertus individuelles, et notamment l’épargne individuelle, notre système de retraites fondé sur la solidarité intergénérationnelle fait figure d’exception. Une exception qui illustre avec éclat l’idéal de fraternité inscrit dans notre devise.

Peu de chances pourtant que le Président accepte de prendre un tel risque alors que l’opposition au texte se double désormais d’une colère sociale contre un exécutif qui escamote le débat parlementaire pour imposer sa volonté.

Notre système de retraites, pierre angulaire du pacte social de notre pays, mérite pourtant mieux qu’une guérilla juridique et constitutionnelle dont rien, ni personne ne sortira vainqueur et qui contribue à affaiblir encore davantage nos institutions.

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Avortement aux Etats-Unis : ils l’espèrent, mais le combat n’est pas fini

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Pour les femmes des États-Unis, le glas a sonné. L’arrêt historique Roe vs Wade a été annulé par la Cour suprême américaine. Tous les États qui le souhaitent peuvent à présent rendre illégal l’avortement.

Le constat est violent. Direct. C’est la fin. Mais que les bigots ne s’y trompent pas, ce n’est pas la fin de l’avortement. Les plus riches iront à l’étranger ou dans un autre Etat. Les plus pauvres iront risquer leur vie avec des cintres et autres mixtures troubles, au péril de leurs jours.

Ce bond de géant en arrière a été savamment calculé par le magnat d’extrême-droite qui a gouverné le pays pendant six ans, Donald Trump. Pendant ses campagnes et tout au long de son mandat, il a tout fait pour attaquer les droits les plus fondamentaux des femmes, pour décrédibiliser leurs combats, leur parole, leur intégrité physique.

L’offensive d’extrême-droite obscurantiste et intolérante connaît un regain inattendu aujourd’hui, aux États-Unis et dans le reste des pays occidentaux. Nous le savons, les droits des femmes sont fragiles, Simone de Beauvoir nous en avait avertis. En ce 24 juin, la preuve nous est fournie.

Mais nous sommes vigilantes et vigilants. Une fois le coup de l’annonce passé, il faut le crier haut et fort : ils l’espèrent, mais le combat n’est pas fini.

Les américaines et les américains et tous les féministes du monde se lèveront ensemble pour que ce droit fondamental de l’avortement redevienne garanti, au pays de l’oncle Sam et partout ailleurs.

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Retour de campagne : la part du rêve et l’épreuve du réel

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Il y a quelques années de cela, Alain Juppé utilisait une expression culinaire pour décrire la stratégie électorale qu’il comptait mettre en œuvre et qui aura finalement tenu lieu de feuille de route à Emmanuel Macron : couper les deux bouts de l’omelette… Comprendre par-là : constituer un bloc centriste dont l’assise serait suffisamment large pour forcer les oppositions à se radicaliser jusqu’à se disqualifier elles-mêmes aux yeux des électeurs. Comptant sur le fait que la France « souhaite être gouvernée au centre » comme disait Giscard, il pensait qu’un tel bloc centriste permettrait ensuite de couper ces fameux bouts de l’omelette, comprendre : les forces de droite radicale et de gauche radicale. Pari gagné !

En cinq ans, cette stratégie électorale aura permis à Emmanuel Macron de se qualifier, et de l’emporter, par deux fois. De quoi relativiser l’idée qu’il existerait trois blocs politiques équivalents (gauche, centre, droite), car si trois blocs il y a, force est de constater qu’ils ne sont pas de même taille. Comment le pourraient-ils d’ailleurs ? Certains commentateurs ont l’air de découvrir ces trois blocs comme s’il s’agissait d’un phénomène nouveau, rien de tel. Dans son ouvrage, récemment réédité chez Gallimard, La gauche et la droite : histoire et destin, Marcel Gauchet explique bien que la répartition « topographique » des forces politiques dans l’hémicycle se fait, en France, entre trois blocs et ce depuis le début du XIXe siècle, depuis la Restauration plus exactement. Cette tripartition du champ politique entre la gauche, le centre et la droite, se retrouve tout au long des XIXe et XXe siècle, même si la signification de ce clivage a changé au cours du temps : la gauche de 1936 n’est plus celle de 1830, la droite non plus…

Dans ce paysage, les institutions de la Ve République sont éminemment singulières à cause de l’élection présidentielle au suffrage universel direct : la répartition des forces ne se mesure plus tant à l’intérieur du Parlement qu’à l’occasion de l’élection reine et les blocs politiques se superposent, bien qu’imparfaitement, avec les catégories socio-professionnelles. Or, si l’on excepte De Gaulle dont la stature et le poids historique rendent toute comparaison inadaptée, sur sept présidents de la République, deux sont issus directement du centre, Valéry Giscard d’Estaing et Emmanuel Macron, et deux autres ont été élus avec l’appui non négligeable de ce bloc, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Rappelons d’ailleurs que la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 doit beaucoup à la défection d’une partie des forces centristes qui, en raison de la droitisation de son discours sur les thèmes identitaires, se sont reportées sur François Hollande.

Seul fait exception dans ce paysage François Mitterrand, qui fut élu sans le soutien des forces centristes, à une époque néanmoins où le poids électoral du PCF assurait la soudure électorale et permettait au PS d’apparaître comme une force centrale à gauche.

La seule prouesse d’Emmanuel Macron finalement est d’avoir su élargir son assise politique de Jean-Pierre Chevènement à Jean-Pierre Raffarin. Or un centre élargi et fort entraine mécaniquement l’affaiblissement de la droite et de la gauche et oblige à radicaliser les clivages pour espérer bousculer le centre qui devient, de fait, le centre de gravité électoral du pays.

Emmanuel Macron agit depuis cinq ans comme un trou-noir pour les forces centrales de gauche comme de droite. Les voix cumulées des candidates LR et PS n’ont pas dépassé en 2022 les 6%, alors même que ces deux partis sont aujourd’hui à la tête de la majorité des villes de France (modulo les victoires écologistes de 2020 dans quelques grandes villes sur fond d’abstention massive et d’alliances avec les autres forces de gauche), de la majorité des départements et des douze régions métropolitaines.

Emmanuel Macron a soudé autour de sa personne un bloc centriste politiquement hétéroclite mais électoralement cohérent qui représente à lui seul désormais le « cercle de la raison » dont les contours ont été élargis de façon inédite.

Or cette image du « cercle de la raison » est un verrou puissant : il départage dans l’esprit de nos concitoyens ceux qui sont perçus comme aptes à exercer le pouvoir de ceux qui ne le sont pas, dans un pays qui reste une puissance sur la scène internationale et où le chef de l’Etat dispose des codes nucléaires. Les Français ne s’y sont pas trompés dimanche 24 avril, en rejetant à plus de 58% Marine Le Pen et le « bloc national » qu’elle formait dans les urnes avec les électeurs d’Éric Zemmour ainsi qu’avec les éléments les plus radicaux de la droite traditionnelle.

Ce verrou est d’autant plus difficile à faire sauter que l’élection du Président au suffrage universel fait primer une perception presque charnelle du candidat sur la réalité du discours et le bienfondé des propositions. Pis, les programmes ne sont, dans ce cadre, que des outils pour étayer une « figure », celle du candidat providentiel. Les propositions doivent permettre de rehausser tel trait saillant que l’on souhaite mettre en exergue ou bien lisser tel autre. On y cherche davantage des « marqueurs » politiques, que de véritables solutions à même de dessiner une vision du monde cohérente.

L’importance accordée dans notre pays au débat d’entre-deux tours est à comprendre sous ce prisme : davantage que de projets c’est la confrontation entre deux personnalités dont on jugera à la fin laquelle est la plus apte à diriger le pays. La stature est tout, le programme pèse peu. Et si Marine Le Pen a échoué pour la seconde fois au second tour, c’est parce que les Français ne les jugent, elle et son équipe, ni dignes, ni aptes à exercer le pouvoir.

Le « cercle de la raison » est un verrou indéboulonnable pour une raison à la fois simple et terrible : la France est un pays riche, bien que des pans entiers de sa population soient paupérisés. On peut dramatiser et radicaliser à outrance les clivages, voir la fracture politique se redoubler d’une véritable fracture géographique entre l’ouest et l’est du pays, les métropoles et les villes moyennes, voire les zones rurales, il n’y fait rien : les Français aiment se donner des frissons mais ils ne veulent pas des extrêmes.

Bien que notre imaginaire politique soit aujourd’hui encore tout entier structuré autour de cet évènement fondateur et mythifié qu’est la grande Révolution, nous ne sommes plus un peuple révolutionnaire depuis plus d’un siècle et demi.

Pour autant, nos concitoyens, biberonnés à l’idéal humaniste et rousseauiste, sont davantage enclins à la révolte que les populations des pays d’Europe du Nord, de l’Allemagne ou encore de l’Italie, où l’esprit « chrétien démocrate » irrigue les représentations politiques. Grande mobilisation contre les retraites, référendum d’initiative citoyenne contre la privatisation d’ADP, « gilets jaunes » : le peuple Français a un besoin irrépressible de se manifester physiquement et de redoubler la démocratie représentative d’une expression directe propre à contraindre ses élus.

Ainsi la pratique qui est faite de notre Constitution (contournement du Parlement, alignement des mandats et des calendriers électoraux pour garantir une majorité au Président élu) et le scrutin majoritaire sont autant de carcans imposés à la volonté populaire.   

Proprement ahurissants et, malheureusement, symptomatiques ont été à cet égard les débats de l’entre-deux tours sur la nature de notre Constitution et l’usage du référendum, durant lesquels des juristes bon-teints et les partisans du Président sortant ont presque théorisé la supériorité des normes constitutionnelles sur le référendum, soit la supériorité du droit positif sur le choix du peuple souverain. La défiance, voire le mépris vis-à-vis du « peuple » perçu comme une foule violente crée un ressentiment terrible qui fracture la nation et donne corps à un clivage peuple / élite dont l’effet s’avère particulièrement délétère.

Osons une hypothèse : les trois dirigeants des trois blocs sortis des urnes en 2022 sont trois dirigeants populistes qui creusent le sillon d’un clivage entre des supposées élites et un peuple pour remporter l’élection. Emmanuel Macron est, à cet égard, le représentant des élites qui, sans le dire, avalisent ce clivage et font bloc pour éviter le grand renversement. Dit autrement, Emmanuel Macron a été élu pour s’assurer que le couvercle reste bien sur la cocotte-minute pendant cinq ans.

Face à cela, les forces de gauche comme de droite, qui ont avalisé ce clivage populiste, sont poussées à la radicalité et ne peuvent prospérer qu’en agitant l’espoir d’un bouleversement réel, d’un renversement. L’extrême droite rêve d’un renversement qui signerait à la fois la fin des élites mondialisées et la fin de l’immigration – c’était le sens du slogan de Marine Le Pen « rendre aux Français leur pouvoir d’achat et leur pays » – et Jean-Luc Mélenchon brosse, lui, plus large : rendre aux Français des institutions démocratiques, les richesses accaparées par quelques-uns, leur souveraineté et engager la transition écologique. Le ressort est identique et conforme aux canons populistes : « reprenez le pouvoir » (« take back control ») à ceux qui vous l’ont injustement dérobé.

Cela fait dix ans et trois élections que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon jouent chacun sur ce registre, dix ans qu’ils échouent. La progression de Marine Le Pen a beau être réelle entre 2017 et 2022, elle cache mal la détermination de nos concitoyens à rester dans un régime modéré. Combien de millions d’électeurs ont, la mort dans l’âme, voté Emmanuel Macron en 2017, en 2022 ? Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon pourraient être dix fois candidats, ils échoueraient dix fois, sauf circonstances exceptionnelles. Un clivage peuple / élite ne peut tourner qu’à l’avantage électoral des classes moyennes supérieures et de la bourgeoisie qui forment un bloc sociologique bien plus cohérent et conscient de ses intérêts de classe qu’un peuple qui hésitera toujours entre l’identité nationale et la question sociale.

Éric Zemmour l’a d’ailleurs justement pointé au début de sa campagne : Marine Le Pen ne peut pas gagner car elle enferme ses partisans dans « un ghetto électoral », comme le PCF de 1969 qui pouvait faire 22% au premier tour mais n’aurait su l’emporter.

La perspective du grand bouleversement créera, à terme, de la frustration parmi nos concitoyens Cette machine à produire de la radicalité n’est pas seulement une machine à perdre, elle est aussi une formidable machine à détruire le consensus démocratique.

Dans un tel contexte et afin de se mettre au travail dès le lendemain des élections législatives, quelles leçons pouvons-nous tirer de cet échec, pourtant attendu, de la gauche ? Au moins trois, bien que la liste ne soit pas exhaustive.

La première : prendre garde à ne pas se laisser enfermer dans un ghetto électoral, celui de la gauche extrême. Si le projet de transformation sociale et écologique est porté par un discours de défiance permanente, il suscitera davantage la méfiance que l’adhésion et ne pourra espérer l’emporter. Nous ne devons pas seulement souhaiter la rupture, nous devons encore la rendre possible et notre responsabilité collective est de la faire advenir en étudiant les leviers d’action qui sont à notre disposition, tous autant qu’ils sont ; en renouant également avec les « fachés mais pas fachos » que le scrutin présidentiel ne mobilise pas, ou si peu.  

La seconde, qui est une réponse à la première : dissoudre le bloc libéral et pour cela parler également à ce qui fut, il y encore peu de temps, l’électorat du parti socialiste. Ce n’est pas se renier ni renoncer à ses convictions que de s’affronter au réel tel qu’il est et non tel que l’on souhaiterait qu’il soit. La gauche est réformiste parce qu’elle veut transformer le monde, et elle doit pour cela partir du monde tel qu’il est, et notamment des contraintes qui, malheureusement, existent. L’essence de la politique réside dans l’affrontement entre volontés antagonistes. Un programme de gauche doit être ambitieux sur tous les points : social, écologique, institutionnel, économique. Il doit également être crédible, applicable en l’état.

Les résultats électoraux de la gauche à Paris sont porteurs d’espoirs, battant en brèche la théorie des deux gauches irréconciliables : Jean-Luc Mélenchon y a dépassé les 30% au premier tour. Sa progression dans des zones acquises à Emmanuel Macron en 2017 est impressionnante, là où Emmanuel Macron a, en 2022, fait le plein dans les arrondissements de droite. Or cet électorat, le fameux électorat de centre-gauche, dit « bobo » et si conspué par la France Insoumise a réaffirmé au détour d’un vote utile pour Jean-Luc Mélenchon, ses convictions de gauche au 1er tour, avant de voter pour Emmanuel Macron au second.

La troisième condition, qui découle de la seconde, est une condition opérationnelle. Un bloc central à gauche doit émerger, ce qui ne veut pas dire un bloc centriste ! Nous devons faire à gauche ce que Macron a fait au centre : créer un pôle de gauche capable d’exercer le pouvoir. La gauche est multipolaire par essence, sa diversité fait sa richesse. Croire qu’une force peut éradiquer les autres, l’emporter et ensuite gouverner est une chimère. Le combat pour la victoire de la gauche est d’abord un combat pour l’unité de la gauche. Cette gauche, écologiste, sociale, républicaine, existe déjà, elle est l’aspiration d’une part immense de nos concitoyens, elle n’attend qu’une étincelle pour s’embraser électoralement.

Cette étincelle ce sera l’émergence d’une force nouvelle, structurée et surtout centrale à gauche. Cette force devra être capable de dialoguer avec toutes ses composantes, capable d’en retenir le meilleur, mais aussi d’assumer les désaccords, d’assumer la pluralité et de lutter pour le compromis. Elle devra également affronter un autre phénomène inquiétant de l’élection que nous venons de vivre : le clivage générationnel. L’élan de la jeunesse est le supplément d’âme de la gauche, mais nous ne pouvons pas tourner le dos à nos anciens. Réparer la France, c’est aussi faire dialoguer les générations plutôt que de bâtir entre elles des clivages stériles.

En 2022, alors qu’elle était condamnée, la gauche s’est levée pour réaffirmer son existence. Le vote utile en faveur d’un Jean-Luc Mélenchon ayant pourtant adopté une ligne radicale est une excellente nouvelle : en se recentrant un peu la gauche peut demain l’emporter. Le comportement de vote des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au second tour est aussi une bonne nouvelle : malgré la colère et le dépit, les électeurs de gauche ont choisi de sauver la concorde plutôt que de jeter le pays dans le chaos, un signe de sagesse et de maturité.

Rappelons-nous que la gauche n’existe que par sa capacité à dessiner un horizon désirable – ce que les forces écologistes devraient mieux mesurer – et à paver la voie pour y parvenir. Plus que jamais c’est là ce que réclame notre pays au lendemain d’une élection présidentielle qui laisse dans la bouche de nombreux électeurs un goût de cendres.

Notre tâche est immense et la route vers la victoire sera semée d’embûches, mais comme le dit souvent Jean-Luc Mélenchon en citant Camus : « il faut imaginer Sisyphe heureux. »

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"Dans tout citoyen d'aujourd'hui gît un métèque futur"(Emile Michel Cioran)

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Le premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 dispose : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Deux siècles plus tard, même s’ils naissent libres et égaux en droits, c’est inégalement que les Hommes vivent et meurent. Tout tient à un premier hasard dont nul n’a la maîtrise : notre lieu de naissance.

Notre pays, aux valeurs universelles, reste figé dans l’immobilisme lorsqu’il s’agit de reconnaître la participation active de nos sœurs et frères, nées et nés autre part, dans la construction de notre Nation. La question du droit de vote des résidents étrangers non-européens aux élections locales en est l’un des symboles.

Et pourtant, l’accès à un tel droit n’aurait rien de nouveau dans l’Histoire de notre pays. La constitution du 24 juin 1793, dite constitution de l’an I, donnait la possibilité aux étrangers de participer à l’exercice des Droits civiques dès lors qu’elles ou ils remplissaient certaines conditions(1). Il aura fallu presque deux siècles de plus pour qu’un candidat à la présidentielle en fasse la proposition. Ce fut la n° 80, du candidat François Mitterrand en 1981.

Presque 40 ans plus tard, rien n’a été fait et pourtant, au niveau européen, l’article 88-3 du traité de Maastricht aurait pu permettre d’ouvrir la voie. Nul n’en a tenu compte.

Les candidats devenus présidents ont tous reculé en arguant que les français ne seraient pas prêts à un tel changement pour la République du XXIème siècle. Une forme d’amnésie ou de déni mémoriel, sans doute, fit oublier que certaines grandes lois n’avaient pas été soutenues par une majorité des électeurs mais avaient fini par faire leur chemin dans nos sociétés une fois appliquées : de l’abolition de la peine de mort au scrutin universel en passant par l’interruption volontaire de grossesse.

Toutes les théories les plus folles ont été mises en avant par certains pour que ce droit n’existe pas : de la tentation du vote communautaire à la mise à mal de la souveraineté nationale ou encore le recul de l’Etat de droit.

Ce droit de vote, c’est l’histoire d’une avancée humaniste. Pour plus d’égalité, plus de justice et plus de concorde entre toutes celles et tous ceux qui résident régulièrement sur notre sol.

Comme tout Français, les étrangers qui vivent en France ont les mêmes devoirs que les autres citoyens : respect de la loi, participation à la vie de la Cité par le travail ou la solidarité, le respect des valeurs républicaines grâce, entre autres, à l’école de la République et l’assujettissement aux impôts et aux cotisations sociales.

Rappelons que les étrangères et étrangers salariés sont aujourd’hui reconnus en matière de démocratie sociale. Elles et ils participent aux élections professionnelles et ont le droit de vote aux élections prudhommales. Les étudiantes et étudiants étrangers sont logés à la même enseigne, pouvant voter aux élections universitaires.

Dans une époque où les tentations les plus extrêmes appellent au repli des nations, la France, de par ses valeurs et son rayonnement, doit rester à l’avant-garde des démocraties. Le droit de vote des étrangers est un combat qui n’est pas seulement franco-français : il est le symbole d’un projet de civilisation qui tourne le dos à la méfiance et à l’ethnocentrisme.

Trop longtemps avons-nous préféré le « rester ensemble » au « vivre ensemble ». Notre République ne peut avoir ni préférence civique, ni préférence votative. En revanche, elle doit soutenir ceux qui veulent respecter ses règles et principes tout en encourageant l’acquisition des droits au sein d’un socle de valeurs communes. 

Toute personne qui respecte les lois de la République et ses valeurs doit pouvoir faire entendre sa voix pour choisir celle ou celui qui le représentera à l’assemblée délibérante de son lieu de vie.

Dans ce sens, une future réforme constitutionnelle doit permettre de rouvrir cette question, au-delà des décisions attenant aux nombres d’élus ou de circonscriptions, et permettre à ces françaises et ces français d’adoption et de conviction d’avoir le droit de faire entendre leur voix au niveau local.

Eux aussi doivent pouvoir voter.

[1] 

Références

(1)Article 4. «  …Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année – Y vit de son travail – Ou acquiert une propriété – Ou épouse une Française – Ou adopte un enfant – Ou nourrit un vieillard ; – Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité – Est admis à l’exercice des Droits de citoyen français.

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8 mars : il est venu le temps des femmes

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Aujourd’hui, à Paris, Marseille, Lyon et partout en France, nous marcherons pour les droits des femmes. Aujourd’hui, main dans la main, nous irons crier, encore une fois, notre indignation. Contre les écarts de salaires, contre les discriminations sexistes au travail et à l’école, contre les violences sexuelles et les féminicides, contre les agressions quotidiennes. Aujourd’hui, nous irons marcher pour protester contre ces responsables politiques, et en particulier un ministre et des candidats à l’élection présidentielle, accusés d’agression sexuelle et toujours en fonction, trop peu inquiétés.

La liste est longue, le mouvement sera massif.

Mais aujourd’hui, nous marcherons aussi pour les femmes du monde entier, d‘Afghanistan et d’Ukraine. Pour celles qui ont dû fuir leur pays, un matin, de peur d’être pendues ou tuées en pleine rue, pour sauver leur liberté.

Aujourd’hui, nous n’oublierons pas les femmes de Kaboul, soumises au joug impitoyable et archaïque des talibans. Nous marcherons pour elles, qui, courageuses, manifestent et bravent leurs fouets et leurs matraques.

Nous n’oublierons pas non plus les femmes de Kyiv, d’Odessa ou de Kharkiv, qu’elles aient fui les bombes ou soient restées les affronter. Nous marcherons pour elles, qui fuient avec leurs enfants, qui dorment dans des bunkers, qui prennent les armes.

Enfin, nous n’oublierons pas celles qui, réfugiées dans les pays de l’Union Européenne, fuyant la mort, sont rattrapées par les proxénètes, qui les guettent aux frontières, pour engraisser leur entreprise indécente. Le cynisme de ceux-là est inqualifiable, n’oublions pas les femmes qu’ils piègent.

En ce 8 mars, nous n’oublierons pas le courage de toutes ces femmes, qui luttent inlassablement pour leur dignité.

Alors marchons, et affirmons-le encore une fois et tant qu’il le faudra : la domination patriarcale a fait son temps, il est venu le temps des femmes.

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Les efforts de médiation entrepris par la France n’y auront rien fait. Revitalisant la tradition diplomatique française, soucieuse depuis le général de Gaulle d’affirmer son autonomie vis-à-vis de l’alliance et de préserver le dialogue avec la Russie, Emmanuel Macron qui, durant son mandat, a multiplié les mains tendues à Vladimir Poutine – on se souvient de la réception très médiatisée de l’autocrate russe à Versailles en 2017 ainsi qu’au fort de Brégançon à l’été 2019 alors que Donal Trump avait déjà rompu les ponts –, aura été le seul dirigeant occidental à entreprendre sérieusement de mener une médiation entre Kiev, son protecteur américain et Moscou. Plusieurs fois il aura tenté, en vain, de réanimer les négociations dites en « format Normandie »[1].

Olaf Scholz n’aura pas démérité non plus en dépit d’une relative inexpérience sur la scène internationale, liée à sa récente accession au poste de Chancelier, mais également d’autres obstacles plus structurels : divergences de position sur le cas russe entre les partis composant la coalition au pouvoir, importance des intérêts commerciaux et énergétiques de l’Allemagne en Russie et dépendance militaire de son pays vis-à-vis des Etats-Unis.

Malgré l’annonce par le ministre de la Défense russe, en début de semaine dernière et à grand renfort de vidéos montrant d’interminables trains chargés de blindés, du rapatriement des troupes envoyées en Crimée pour mener des exercices militaires, l’espoir d’une désescalade n’aura pas fait long feu. Alors que les services de renseignement occidentaux faisaient état de l’imminence d’une invasion depuis quelques jours, les chancelleries européennes ont appelé leurs ressortissants à quitter le pays sans délai dès dimanche, signe que nous approchions du point de rupture. L’appel de la dernière chance passé par Emmanuel Macron dimanche après-midi n’y aura rien fait : dès lundi matin, Vladimir Poutine repoussait à plus tard l’organisation d’un sommet réunissant Russes et Américains, actant ainsi l’échec de la voie diplomatique.

Lundi soir, avant un conseil de sécurité réunissant ce qu’il faut bien qualifier d’« aigles russes » par parallélisme avec les faucons américains[2], Vladimir Poutine s’est très longuement exprimé sur la crise en cours. Assis derrière son bureau, le maître du Kremlin a, pendant près d’une heure, retracé l’histoire des relations entre la Russie et l’Ukraine depuis 1917, présentant la création du pays comme une erreur de la jeune Union soviétique et fustigeant la supposée trahison des élites ukrainiennes qui seraient responsables des tensions, ces dernières années, entre les deux pays.

Vladimir Poutine a donc pris la décision unilatérale de rompre les accords de Minsk[3] de 2015 pour devenir Tsar de toutes les Russies comme dit la formule et présider aux destinées de la grande Russie, de la Russie blanche, c’est-à-dire la Biélorussie, et de la petite Russie, c’est-à-dire l’Ukraine.

Trente ans après l’implosion de l’URSS, nous devons nous rendre, impuissants, à l’évidence : l’Ukraine n’a pas les moyens de son indépendance. Elle est vouée à osciller entre l’empire russe et le bloc occidental. Or l’Occident a échoué à attirer à lui ce pays sans éveiller la colère russe, tout comme il a échoué à apaiser les craintes de la Russie pour sa sécurité. C’était pourtant la responsabilité du vainqueur de créer les conditions d’une paix acceptable et durable. 

Intégrer l’Ukraine à l’OTAN était, en ce sens, un pari aussi osé qu’invraisemblable : si l’Ukraine avait intégré l’OTAN, l’obligation de solidarité entre membres de l’alliance nous aurait collectivement obligé en cas d’agression russe et aurait donc neutralisé la possibilité même d’une guerre, personne n’imaginant les troupes de plusieurs puissances nucléaires, dont quatre membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, s’opposer sur un champ de bataille. C’est tout l’enjeu du conflit pour Vladimir Poutine.

c’est la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN qui est à l’origine du conflit que nous vivons, en revanche l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN aurait rendu la perspective même d’un conflit inenvisageable. »

Le Président russe savait également, compte tenu de la situation encalminée dans le Donbass et de la volonté pressante de l’actuel président Ukrainien de rejoindre l’OTAN pour garantir son indépendance, que le temps jouait contre lui. Tout le paradoxe de la situation est là : c’est la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN qui est à l’origine du conflit que nous vivons, en revanche l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN aurait rendu la perspective même d’un conflit inenvisageable.

Vladimir Poutine a donc renversé la table pour reprendre le contrôle de la temporalité : maître du jeu, il a ainsi eu tout le loisir d’attendre que la crise diplomatique atteigne son paroxysme pour refuser ensuite le retour au statu quo et agir. Hier soir, donc, Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance du Donbass (les « Républiques » de Donetsk et de Lougansk), et envoyé ses armées pour y maintenir la paix. En violation des règles du droit international – puisque seule la Russie reconnaît aujourd’hui ces deux « Républiques » autoproclamées – la Russie a donc commencé à envahir le territoire ukrainien, s’approchant par l’est de 200 kilomètres supplémentaires en direction de Kiev alors que le reste de ses troupes continuent de mener des exercices militaires en Biélorussie, tout proche de la frontière nord de l’Ukraine.

Que va faire l’Occident ? Quelle sera notre réaction si Moscou avance jusqu’à Kiev ? Sans présumer de la bonne volonté des dirigeants du monde libre, il semble que nous n’irons pas au-delà des sanctions économiques, aussi virulentes soient-elles. L’Ukraine n’étant pas membre de l’OTAN, y envoyer des troupes reviendrait à la considérer de facto comme un membre de l’alliance et donc, finalement, donner raison à Vladimir Poutine. Le temps de l’Amérique gendarme du monde est désormais derrière nous.

Mais là n’est peut-être pas le plus important…

Il y a, en effet, un pays dont toutes les chancelleries ont guetté avec attention la réaction à l’annonce russe : la Chine. Il faut dire que le conseil de sécurité de l’ONU du 31 janvier dernier laissait présager un soutien chinois à la Russie. Le représentant chinois avait ainsi déclaré « comprendre les préoccupations de la Russie pour sa sécurité » avant de critiquer vertement l’OTAN. L’ouverture des jeux olympiques de Pékin, où Vladimir Poutine s’est rendu en personne, a depuis été l’occasion d’un entretien en tête à tête entre les deux dirigeants – le premier pour Xi Jinping depuis le début de la pandémie – qui ont ainsi pu afficher leur bonne entente. Une série de faits diplomatiques ces derniers mois, certes mineurs mais non moins éloquents, font également état d’un resserrement des liens entre Pékin et Moscou face au bloc occidental.

Joe Biden sait ainsi que Xi-Jinping attend le bon moment pour déclencher ce qui sera, inévitablement, la grande crise de la décennie : l’annexion de Taiwan. »

Depuis hier, la Chine maintient pourtant une position prudente et « appelle toutes les parties à la retenue » de la même manière que l’Inde, qui entretient historiquement de bonnes relations avec la Russie. Il n’y a donc pas, de la part de Pékin, de condamnation explicite de la décision russe, ce qui, dans le langage feutré des diplomates, signifie déjà beaucoup. Nul doute que le vote de la Chine au prochain conseil de sécurité de l’ONU, qui sera organisé dans les jours à venir, sera lourd de sens.

La réaction de Washington sera également scrutée attentivement par tous les pays dont l’intégrité territoriale dépend de la solidité d’une alliance avec les Etats-Unis. Joe Biden sait ainsi que Xi-Jinping attend le bon moment pour déclencher ce qui sera, inévitablement, la prochaine crise majeure de la décennie : l’annexion de Taiwan.

L’esprit du projet pan-européen défendu à la fin des années 1980 par Gorbatchev et Mitterrand d’une Maison Commune Européenne est définitivement, et malheureusement, enterré. »

Quelle que soit l’issue de la crise en Ukraine, il n’est pas imprudent de considérer que la Russie, en poursuivant aveuglément son projet de (re)constitution d’un glacis défensif, est au seuil de franchir une ligne rouge qui l’éloignera définitivement de l’Europe. L’Eurasie, grand projet du XXIe siècle qui repose sur le rôle pivot d’une Russie intercontinentale, sera donc, s’il doit advenir, Sino-Russe.

Nous avons collectivement échoué à créer un nouvel ordre de sécurité en Europe qui aurait permis une coexistence pacifique entre les anciennes républiques soviétiques et ainsi ouvert la voie à une coopération avec la Russie. L’esprit du projet pan-européen défendu à la fin des années 1980 par Gorbatchev et Mitterrand d’une Maison Commune Européenne[4] est définitivement, et malheureusement, enterré.

Chaque jour se dessine ainsi un peu plus un axe Pékin-Moscou, nationaliste et antilibéral, défiant vis-à-vis de l’Occident et de ses valeurs, et surtout allergique aux alliances militaires défensives nouées autour des Etats-Unis (OTAN et AUKUS en tête). Ce nouvel axe, dont il faut rappeler qu’il existât brièvement au début de la guerre froide avant que Khrouchtchev et Mao ne rompent les ponts en 1956, nombre d’analystes redoutaient depuis près d’une décennie de le voir se constituer. Il sera sans nul doute structurant pour la reconfiguration géopolitique en cours et l’affrontement qui vient…

Références

[1] Le terme « format Normandie » désigne la tentative, initiée en 2014 dans le sillage des célébrations du 70e anniversaire du débarquement Américain en Normandie, de ménager un espace de dialogue et de négociation entre belligérants au conflit Ukrainien (Ukrainiens, séparatistes pro-russes et Russes) sous l’égide de la France et de l’Allemagne. Ce format est devenu le symbole d’une tentative strictement européenne de trouver une solution au conflit en Ukraine.

[2] L’expression « faucon » désigne, au plus haut niveau de l’Etat américain (secrétariat d’Etat, CIA, Pentagone) les partisans d’une ligne dure et interventionniste vis-à-vis des pays adversaires des États-Unis. Cette expression est devenue un quasi-synonyme de « va-t’en guerre » pour désigner ces hommes et femmes dont l’avis est écouté au sein de la Présidence américaine et qui conseillent invariablement de recourir à des mesures coercitives (sanctions économiques contre l’Iran, la Corée du Nord, intervention en Irak, maintien en Afghanistan, sanctions contre la Russie, entre autres).

[3] Les accords de Minsk, passés en 2015 entre la Russie, l’Ukraine, l’OSCE et les représentants des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, visaient, par le moyen d’un protocole en douze points, à créer les conditions d’un cessez-le-feu dans le Donbass propice à la reprise du dialogue.

[4] Sur ce sujet voir l’excellent article de 2007 publié sur le site de l’Institut François Mitterrand : « Gorbatchev et la « Maison commune européenne » »to

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Les acteurs ont tous revêtu leur ancien costume, bien que certains l’aient fait à contre-cœur et de guerre lasse, mais ce qui ressemble à la représentation de trop d’une pièce surjouée au XXe siècle révèle en réalité toutes les métamorphoses du monde en quelques trente années.

La Russie d’abord, écroulée sous son propre poids en 1991, s’est relevée et a renoué depuis avec le langage de la puissance. Si ses dirigeants ont conscience d’être à la tête d’une puissance économique moyenne à la population vieillissante, ils valorisent avec succès les quatre avantages de fait dont la Russie dispose : sa position géographique, qui en fait une puissance pivot entre l’Europe et la Chine ; sa profondeur stratégique, qui la rend invulnérable ; ses ressources naturelles, qui lui permettent de constituer de considérables réserves de changes pour absorber l’effet des sanctions économiques ; et, last but not least, son indéniable puissance militaire grâce à laquelle elle se projette désormais avec une redoutable efficacité sur différents théâtres d’opération (Géorgie, Crimée, Syrie).

Obsédée par sa sécurité face à l’expansion de l’OTAN comme de l’UE et la reconstitution d’une sphère d’influence historiquement russophone à défaut d’être russophile, la Russie est devenue, dixit Emmanuel Macron, « une puissance de déséquilibre » de l’ordre international et un trouble-fête d’envergure dans la nouvelle Guerre froide que se livrent les États-Unis et la Chine.

La ligne rouge a été franchie avec le projet d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, pays écartelé entre deux aires géographiques dont l’une cède aux sirènes du nationalisme Grand-russe quand l’autre regarde l’Union Européenne avec les yeux de Chimène. »

Pour Vladimir Poutine, les graines de la discorde ont été plantées par les occidentaux qui ont, par conviction autant que par opportunisme, allègrement soutenu les révolutions de couleur dans les pays de l’ex-bloc soviétique et intégré les anciens « régimes frères » à l’OTAN. La ligne rouge a été franchie avec le projet d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, pays écartelé entre deux aires géographiques dont l’une cède aux sirènes du nationalisme Grand-russe quand l’autre regarde l’Union Européenne avec les yeux de Chimène.

Gérer la puissance russe est donc un défi, certes, mais un défi pour qui ? C’est là que le bât blesse… Les occidentaux ont, en trente ans, perdu les réflexes qui prévalaient dans l’ancien monde et l’Amérique a perdu son assurance – certains diraient sa morgue – de vainqueur.

L’Union Européenne livrée à elle-même depuis 1992, donne le spectacle de la désunion entre des États baltes tétanisés par l’ambition russe, une France attentiste, soucieuse de ménager la chèvre et le chou, et surtout une Allemagne manifestement peu encline à sacrifier ses intérêts économiques – balance commerciale et gazoduc Nordstream 2 – pour sauver une Ukraine déjà virtuellement perdue. Il faut dire que l’Allemagne, singulièrement lorsqu’elle est dirigée par des coalitions menées par le SPD, adopte traditionnellement une attitude ambivalente vis-à-vis de la Russie, entre réticence au conflit ouvert, dépendance énergétique, préoccupations commerciales et culpabilité historique.

Le Royaume-Uni désormais parfaitement aligné sur le grand-frère américain depuis le Brexit, et peu enclin à dialoguer avec la Russie de Vladimir Poutine, rejoue le cirque de 2003 et alimente par ses déclarations sur l’imminence de l’invasion un climat déjà étouffant.

Après la débâcle afghane, nul doute que Xi Jinping saura tirer tous les enseignements de l’attitude américaine vis-à-vis de son allié ukrainien lorsque sera venu le temps de la crise taiwanaise. »

Les États-Unis, enfin, ont conscience que cette crise est une conséquence indirecte de la faiblesse qu’ils ont montré sur le front afghan, et se passeraient bien du dossier Ukrainien pour mieux se concentrer sur la mer de Chine, mais aussi panser les plaies béantes laissées par le mandat de Donald Trump dont l’ombre plane toujours sur Washington. D’une façon tristement performative, l’âge avancé de Joe Biden renvoie l’image d’une Amérique déboussolée et fatiguée, qui rechigne à l’usage de la force. Malheureusement, rien n’indique que les sanctions économiques soient une arme suffisamment dissuasive face à une Russie revigorée par la hausse du prix des énergies fossiles et qui bénéficie toujours de l’arme des gazoducs contre l’Europe qui traverse une crise énergétique aiguë. Après la débâcle afghane, nul doute que Xi Jinping saura tirer tous les enseignements de l’attitude américaine vis-à-vis de son allié ukrainien lorsque sera venu le temps de la crise taïwanaise.

De sommets virtuels en déclarations officielles, les discours sur l’unité du camp occidental relèvent donc, comme disent les anglo-saxons, du wishful thinking. A tel point que le premier effet de la crise ukrainienne est, de l’avis unanime des observateurs, d’avoir ressuscité une OTAN jusqu’alors impotente et hagarde, qui retrouve sa vigueur des grandes années de guerre fraîche sous l’ère Reagan. Mais l’OTAN, dont l’essence même est de contenir, pour ne pas dire affaiblir, la Russie, ne pourra pas être éternellement le cache-misère d’un camp occidental, et singulièrement d’une Europe incapable d’aligner ses intérêts et d’adopter une position commune, fusse-t-elle intransigeante ou bien de compromis, sur le dossier russe.

L’Union Européenne doit prendre conscience qu’influence n’est pas puissance. Le projet d’une Europe du soft power est un mythe à dépasser de toute urgence pour ne pas disparaître dans une reconfiguration internationale qui signe le retour de l’usage de la force brute, du hard power militaire. La France semble en avoir pris conscience depuis plusieurs années déjà, qu’en est-il désormais de l’Union et, surtout, de l’Allemagne ? Les nations européennes feraient bien de se rappeler que la faiblesse ne pardonne pas.

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La lutte contre ces violences n’est cependant pas née avec la récente mise au jour dont elle a bénéficié ces dernières années. Les militantes féministes luttent depuis des décennies contre les violences conjugales, les agressions sexuelles, les vexations et les humiliations. Dès 1922, les féministes soviétiques parviennent à criminaliser le viol conjugal. Les pionnières du MLF se battaient déjà pour faire comprendre que la violence contre les femmes n’est pas une fatalité, mais un drame social qui peut, doit être éradiqué.

À l’heure où l’extrême droite cherche à récupérer le combat féministe et se sert de la lutte contre les violences faites aux femmes pour défendre son agenda identitaire et xénophobe, il ne faut pas se tromper. Nous devons réaffirmer sans crainte que le féminisme est à l’opposé de tout essentialisme, qu’il soit envers les femmes, les hommes, les étrangers ou les musulmans : un sexe, une nationalité ou une religion ne sauraient définir complètement l’individu et ses actes. Il faut rappeler haut et fort que le féminisme, comme l’universalisme, a pour but l’émancipation collective. Plutôt que de laisser la voix aux identitaires qui ont perturbé la marche féministe du 20 novembre, il faut donc saluer l’espoir qu’elle représente. Car ce cortège jeune, joyeux, mélangeant les générations et les genres est le signe que le féminisme a de beaux jours devant lui et que la lutte est loin d’être enterrée.

À l’heure où l’extrême droite cherche à récupérer le combat féministe et se sert de la lutte contre les violences faites aux femmes pour défendre son agenda identitaire et xénophobe, il ne faut pas se tromper. Nous devons réaffirmer sans crainte que le féminisme est à l’opposé de tout essentialisme, qu’il soit envers les femmes, les hommes, les étrangers ou les musulmans : un sexe, une nationalité ou une religion ne sauraient définir complètement l’individu et ses actes. Il faut rappeler haut et fort que le féminisme, comme l’universalisme, a pour but l’émancipation collective. Plutôt que de laisser la voix aux identitaires qui ont perturbé la marche féministe du 20 novembre, il faut donc saluer l’espoir qu’elle représente. Car ce cortège jeune, joyeux, mélangeant les générations et les genres est le signe que le féminisme a de beaux jours devant lui et que la lutte est loin d’être enterrée.

Ce cortège, et les autres avant lui, sont aussi le signe que la société peut être en avance sur ses lois et ses responsables politiques. Que la rue qui parle est entendue, même si ce n’est pas au sommet de l’Etat. Que la solidarité et l’entraide qui naissent entre celles qui ont été agressées sont capables de faire tomber des murs de silence. Aujourd’hui, il est difficile de croire à une marche de l’Histoire vers le mieux, et pourtant. L’élan qui s’est manifesté samedi et qui continue à se manifester, qui rassemble au-delà des âges, des genres, des quartiers, ne peut pas être arrêté.

En cette journée internationale de lutte pour l’éradication des violences à l’égard des femmes, il est donc plus que jamais nécessaire de rappeler notre soutien à ce mouvement. Le fait de naître femme ne doit plus être un danger. Nous devons être intransigeants, refuser la complaisance envers les agresseurs, dans tous les milieux. Alors debout les femmes, et tous les autres !

Vous pouvez signer la pétition pour demander une réelle lutte contre les violences sexistes et sexuelles en politique ici.

Dans le prochain numéro du Temps des Ruptures, un article sera consacré au sujet des féminicides et de la lutte contre les violences faites aux femmes.

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