Culture

« Siloé » de Paul Gadenne, esquisse d’une réflexion sur la maladie, la conscience et la vie

« Siloé » de Paul Gadenne est une ode à la vie, célébration magistrale d’un retour à la conscience de la durée pure, lorsqu’elle se libère de la capitalisation du temps dans la diversion et l’inauthentique épreuve de l’existence contemporaine. Ainsi, tout lecteur qui entre dans l’oeuvre de Gadenne doit être prévenu qu’il s’engage dans un dialogue introspectif au terme duquel il est à peu près certain de ne pas sortir indemne.

J’entrai dans une librairie. Au détour de la rue de Chevreuse, perpendiculaire au boulevard Montparnasse ; une librairie modeste, parée d’un nom à consonances orientales, dont le murmure me paraissait semblable à une sorte d’incantation magique. Aussi m’aventurai-je, face à cette curieuse devanture verte, au fond de cette officine de l’âme, l’esprit empreint d’une certaine excitation d’enfant, jointe au plaisir de découvrir un nouveau livre.

Je demandai Gadenne, Paul, Gadenne avec deux « n » ; c’était important, afin de ne pas passer pour un novice lorsque l’on demande un auteur inconnu. Sans doute cela donne-t-il un avantage, celui de l’érudition, qui fait l’affaire de quelqu’un se lançant à la poursuite de la littérature, désireux d’en connaître plus sur les gens lettrés, ces panégyristes du livre. Toutefois, dans mon cas, cet avantage ne se réduisait qu’à quelques ouï-dire, quelques brefs éloges par trop emphatiques, que je jugeais, de prime abord, moins faire suite à la qualité littéraire de l’auteur, qu’à sa capacité à paraître « profond », mystérieux et donc inconnu du grand public.

L’ouvrage que je décidai de me procurer était Siloé, son premier roman, publié en 1941.

Un exorde aux allures et à l’atmosphère germanopratines, qui s’illustre par la tentative d’ascension sociale de Simon Delambre, un jeune étudiant à la Sorbonne, et disputant, auprès de ses consorts, une ambition partagée par tout intellectuel en puissance, à savoir, le passage de l’agrégation. Gadenne nous embarque dans une vie parisienne placée sous le signe du mouvement et de la gesticulation permanente, du fourmillement des attitudes, de positions sociales irréfragables, et d’histoires amoureuses brèves et passionnées. L’inverse d’une vie de débauche en somme, loin des guerres, de la misère, n’éprouvant l’angoisse que face à une feuille blanche, le crayon à la main, cherchant par tous les moyens à déterminer comment faire appel à Hésiode, Horace, ou bien Pascal, et régurgiter « toutes les notes qu’ils (Simon et ses camarades, ndlr) accumulaient aveuglément sur la syntaxe, le vocabulaire, la métrique et le style »(1); un petit cocon intellectuel et bourgeois, pour résumer, touchant là au cœur d’une forme de sociologie paradigmatique concernant la vie Parisienne, dans l’entre-deux guerres, au sein du 5ème, 6ème, voire 7ème arrondissement. L’intérêt du livre ne se situe bien évidemment pas dans cette famélique reproduction des grands romans français du 19ème – quoiqu’on puisse la trouver à la hauteur, sous certains aspects, stylistiques notamment – qui voudrait que notre héros Simon Delambre, passe l’entièreté du livre à tenter de gravir les échelons de la hiérarchie sociale, se donnant tout entier aux méandres inlassables de l’existence, faisant face à l’impuissance de la liberté et aux trahisons de ses congénères. Non, l’intérêt est ailleurs. Le cœur du livre ne démontre pas les conséquences d’une ascension, du cul-terreux vers le Tout-Paris, mais, inversement, il appelle à une forme de renoncement à tout idéal de puissance qui conduirait à entrer dans le tourbillon d’un « type déterminé de vie », pour paraphraser Nietzsche(2). Cet épisode ne forme en effet que le prélude de l’ouvrage (les cent premières pages environ), la fugue étant initiée par la survenue d’une maladie, la tuberculose. On précisera par ailleurs la teneur hautement biographique de l’ouvrage ; Gadenne ayant été atteint par la tuberculose en 1933, peu après sa réussite à l’agrégation (classé 18ème), il fut contraint de passer un séjour au sanatorium de Praz Coutant en Haute-Savoie, ce qui formera, dans le livre, le décor magique et idéal du Crêt d’Armenaz.

Simon, donc, encore à Paris, pressent monter en lui un mal qui se manifeste par des symptômes tels qu’une fatigue intense ou bien des stridors, relatés notamment dans un passage génial où ce dernier, réveillé en pleine nuit par un murmure curieux, tente de déterminer l’origine de ce « bruit de clapet qui s’ouvre et se referme », investiguant les moindres recoins de sa chambre, tentant d’apercevoir dans les arcanes de la pénombre le dénouement du mystère, avant d’en venir à la conclusion suivante : le bruit provient de son propre corps.

« Maintenant Simon avait peur. Ce timide message qui lui était adressé par son corps éveillait tout à coup son attention à un monde qui échappait entièrement à ses connaissances. C’était là ce qu’il y avait d’effrayant dans ce bruit, c’est qu’il le soumettait à l’inconnu. Ce petit bruit entrait soudain dans ses pensées, dans ses projets, dans ses amours. Il l’entendait battre en eux comme un cœur étranger qui a son rythme et sa volonté en lui. »(3)

L’angoisse croît à mesure que Simon tente, le plus possible, de nier le réel, et la souffrance que pourrait impliquer l’idée d’un mal inconnu que l’on porte en soi. Rien n’est plus terrible pour l’être humain que de se savoir impuissant à une douleur. Telles pourraient être les gesticulations de l’esprit que Simon entrevoit avant même de déterminer l’existence de sa maladie en lui donnant un nom. Mais, dans le même temps, l’attention se détache de l’habituel et du familier ; Paradoxalement donc, c’est le corps, haut-lieu de la « périphérie » de la connaissance disait Francis Ponge(4), qui ouvre un nouveau monde à la conscience de Simon. La maladie vient le détacher du dehors et le ramener vers l’intérieur, de sorte qu’il comprend, par une forme de connaissance instinctive allant au-devant de la raison, semblable à une préscience, que c’est à ce moment précis que sa vie se joue.

Ainsi Simon, s’allant voir le docteur Lazare, se voit réifié, saisissant son corps à travers sa défaillance, explorant une dimension essentielle à la réflexion philosophique, celle de l’étonnement(5) ; étonné de ne pas être « normal » dans la maladie, s’étonnant de la vision radiographique de ses (ces) deux poumons, justifiant la présence d’un « germe » par la nécessité de la contingence comme structure ontologique du corps : ce dernier toujours considéré comme extérieur au « soi », comme quelque chose de « sien » mais d’incorrigible.

« Simon contempla son squelette avec étonnement : c’étaient là ses vertèbres, ses côtes, telles que la nature les avait façonnées pour lui (…) ces deux masses grisâtres sur lesquelles se profilaient le dessin des os, c’étaient ses poumons ! Simon, prodigieusement intéressé, examinait cette photographie comme la carte d’un royaume dont on se sait le possesseur, mais non pas le maître (…) »(6)

Et Simon d’en conclure, par la pensée, qu’il suffit d’un rien, d’un germe misérable, pour troubler la vie paisible et sans malheur du citadin moyen, preuve – s’il n’en faut – que la fragilité d’un tel bonheur démontre une impuissance qui ne satisfait guère à l’authenticité même du concept ; aussi faudrait-il plutôt dire, accompagné de Spinoza, que : « l’expérience m’ayant appris à reconnaître que tous les événements ordinaires de la vie commune sont choses vaines et futiles, et que tous les objets de nos craintes n’ont rien en soi de bon ni de mauvais et ne prennent ce caractère qu’autant que l’âme en est touchée, j’ai pris enfin le résolution de rechercher s’il existe un bien véritable et capable de se communiquer aux hommes, un bien qui puisse remplir seul l’âme tout entière, après qu’elle a rejeté tous les autres biens, en un mot, un bien qui donne à l’âme, quand elle le trouve et le possède, l’éternel et suprême bonheur »(7). Voilà l’idée qui vient s’immiscer dans l’esprit de Simon, par le biais de la maladie : parvenir à trouver un bonheur durable, qui puisse se communiquer ; inversant les valeurs sociales de son temps en proposant de fermer les yeux, plutôt que de les ouvrir, afin de mieux transmettre la vie en retrouvant sa trace dans la conscience. C’est l’appel lancé par Gadenne dans son discours de Gap, prononcé le 11 juillet 1936, peu après son propre séjour en sanatorium dans les Alpes, à l’occasion de son affectation au lycée de la ville de Gap, située à une centaine de kilomètres de Nice.

« La plupart des hommes ne supportent ni l’immobilité ni l’attente. Ils ne savent point s’arrêter. Ils vivent mobilisés pour l’action, pour le remuement, pour le plaisir, pour l’honneur. Et pourtant c’est seulement dans les instants où il suspend son geste ou sa parole ou sa marche en avant, que l’homme se sent porté à prendre conscience de soi. Ce sont les moments d’arrêt (…) Toutes les heures où l’on attend ce qui ne doit pas venir, les chemins sans issus, les voyages sans but, les routes désertes, les jours de pluie, les petites rues de province où personne ne passe, les heures de panne, les journées de maladie, en un mot toutes les circonstances où il n’y a rien à faire (…) toutes les journées de notre vie que le sort a marquées de grands disques rouges, ces journées-là peuvent être pour nous les plus fécondes ; et je ne craindrai pas de dire que le monde appartient à qui sait se tenir immobile. »

La suite de Siloé prend dès lors tout son sens : Simon se retrouve pris au piège dans l’immobilité du Crêt d’Armenaz, contraint par la maladie à rester des heures entières de la journée sans rien faire, privé de ce qui semblait être pour lui la plus grande richesse, les livres ; affaibli par la tuberculose, se laissant tyrannisé par sœur Saint-Hilaire, « engrenage dans la grande machine sanatoriale », qui rappelle, sous certains aspects, l’atmosphère bureaucratique et froide du Château de Kafka. Alors qu’il se languit de son existence passée, regrettant la fraîcheur de la belle Hélène, l’austérité de son rival Elster, il fait la connaissance de quelques tuberculeux ; le misanthrope Massube, l’intellectuel Pondorge ou encore Cheylus le joueur d’échec mélancolique – pour ne citer qu’eux -, qui formeront une nouvelle ribambelle de personnages ; authentiques humains rappelant à l’esprit du lecteur (ainsi qu’à celui de Simon) qu’un malade, avant d’être un ostracisé social, est d’abord et avant tout vivant,  et sans doute davantage même, qu’un être en santé. Que pourrait bien-t-on voir, en effet, dans la maladie, autrement qu’une décrépitude axiologique de la vie saine, qu’un témoignage d’une condition misérable, faible, impuissante et chétive ? Transformer la maladie en moyen, plutôt qu’en fin, voilà le désir secret du valétudinaire, de ceux qui, attaqués par la vie, rongés par l’espérance secrète et chancelante de la guérison, sont transis par la douleur et la solitude. Or rappelons l’extraordinaire résistance qu’a l’être humain vis-à-vis de la souffrance ainsi que toute la témérité qui l’habite parfois dans les moments cruciaux ; entendons Montaigne dicter ses myriades d’anecdotes, ici racontant le trépas d’un malade :

« Et le prestre, pour luy donner l’extreme onction, cherchant ses pieds, qu’il avoit reserrez et contraints par la maladie : Vous les trouverez, dit-il, au bout de mes jambes. A l’homme qui l’exhortoit de se recommander à Dieu : Qui y va ? demanda-il ; et l’autre respondant : Ce sera tantost vous mesmes, s’il luy plait ; –Y fusse-je bien demain au soir, replica-il.–Recommandez vous seulement à luy, suivit l’autre, vous y serez bien tost.–Il vaut donc mieux, adjousta-il, que je luy porte mes recommandations moy-mesmes. »(8)

Qu’a-t-on conservé nous, enfants du 21ème siècle, héritiers de toute la peine misérable que constitue la menace de l’anéantissement de notre espèce, de cette formidable résistance à la peine et au chagrin qui habite les êtres de cet ancien temps, de ce courage face à la mort qui caractérise les peuples résolus ? Mourir certes, mais mourir avec panache, avec la dignité d’un architecte qui, voyant que tout son édifice s’écroule, ne pense qu’au bonheur de la reconstruction ; renouer avec le processus extraordinaire de la guérison, d’une vie qui panse ses blessures en se rendant plus allègre et plus réjouie. Comment expliquer en effet ce formidable retournement de situation qui fait dire à Gadenne, au fil de Siloé, puis, plus tard, de son discours, qu’une journée de maladie est une journée « féconde » ? Ne pourrait-on pas voir dans la guérison l’attitude active d’un corps qui regagne sa vigueur, nécessitant pour cela l’instauration d’une temporalité nouvelle, introspective, recentrant des forces sujettes à la dissipation dans l’atmosphère étouffante des villes et de l’industrie du milieu du 20ème siècle ? La patience est la vertu essentielle du malade, et le rien qui accompagne généralement l’expression « ne rien faire » devient l’opposé du néant : il devient réflexion, sagesse, et fécondité. Aussi faut-il voir l’expérience de la maladie comme la possibilité d’un second souffle guidé par un « gai savoir ».

« Ce livre aurait sans doute besoin de plus d’une préface (…). Il semble écrit dans le langage d’un vent de dégel : tout y est pétulance, inquiétude, contradiction, comme un temps d’avril, si bien qu’on y est constamment rappelé à l’hiver encore tout récent comme à la victoire remportée sur l’hiver, à cette victoire qui vient, qui doit venir, qui peut-être est déjà venue… La reconnaissance y coule à flots, comme si l’évènement le plus inespéré venait de se produire, la reconnaissance d’un convalescent – car la guérison était cet évènement le plus inespéré. Le Gai Savoir : voilà qui annonce les Saturnales d’un esprit qui a patiemment résisté à une longue et terrible pression – patiemment, rigoureusement, froidement, sans se soumettre, mais aussi sans espoir -, et qui tout d’un coup se voit assailli par l’espoir, par l’espoir de la santé, par l’ivresse de la guérison. »(9)

Ainsi Nietzsche évoque-t-il les conditions d’écriture de son ouvrage, l’impérieuse nécessité par laquelle il se sent porté par sa maladie – mystérieuse et atrocement pénible -, celle-ci orientant sa vie au gré des saisons, de la météorologie, et des périodes de crise qui ponctuaient son existence d’une antinomique conscience de l’amertume ; se sentant quelques fois le plus libre des êtres, l’esprit niché sur les cimes de l’Engadine Suisse, d’autres fois le plus malheureux des hommes, accablé par le poids de la souffrance et du mépris des siens. Il faut dire que Nietzsche partage avec Simon l’amour des saisons, et notamment du printemps, de ce cycle qui succède à l’hiver, préfigure l’été, symbolisant la renaissance, figurant la contradiction des extrêmes (hiver-été), l’éclosion des bourgeons, et la période des accouplements des espèces animales. Le printemps est semblable à la guérison du corps, aussi n’est-ce pas un hasard si c’est vers la fin de Siloé qu’il advient, constituant le troisième et dernier chapitre de l’ouvrage.

Que dire également du second élément (le premier étant la maladie) le plus important : la rencontre de Simon avec Ariane, personnage semblant se confondre avec les paysages grandiloquents de la Haute-Savoie, qui ponctuent l’exploration de cette temporalité instaurée par la conscience et offrent un regard nouveau sur le torrent, l’arbre sur la colline, la muraille d’Armenaz, les crêtes du Mont-Cabut, ou encore les plateaux des Hauts-Praz ? Débarrassé du souci, Simon retrouve une forme de présence première, un monde écologique, auquel il attribue la véritable destinée humaine, un sentiment de détachement pur ouvrant sur une indépendance absolue de l’être :

« Ce fut dans sa vie une révolution. Les sorties étaient brèves, mais jamais pareille saveur n’avait été concentrée comme alors en l’espace de quelques minutes. Simon s’étonnait d’avoir pu désirer si passionnément les êtres : seul, à midi, au milieu de la prairie, il n’avait plus besoin de rien. La terre lui suffisait. La terre était autour de lui, habillée d’herbes, de feuillages, de pierres. C’était une présence formidable. Elle venait contre lui, le prenait comme avec une main. Parfois elle se faisait caressante. Sur d’immenses étendues, les dernières chaleurs faisaient éclore çà et là, au ras du sol, des îlots mauves formés par les minces calices des colchiques, tandis que sur le front des bois, le long des pentes, couraient les premières flammes folles de l’automne. Simon ne se pressait pas de rentrer ; il n’avait aucune hâte de revenir à la vie commune ; la prairie était un résumé de tout : elle le comblait. Entre le sentier qui tournait et le torrent qui grondait à quelque distance, il connaissait un parfait bonheur. »(10)

La tâche initiale, la quête d’un bonheur infini et éternel dont nous parlions au début, est dès lors accomplie par Simon dans une contemplation d’un monde originel, précédant sa propre naissance individuelle, impliquant une puissance intérieure retrouvée, condition nécessaire à la vie active, c’est-à-dire capable de recentrer ses forces, et non à la vie passive, dispersée, capitalisée par le divertissement sourd de la modernité.  La figure d’Ariane, caractère fantomatique dont Simon semble peiner à saisir les attitudes – en témoigne l’obsession qu’il développe pour la photographie et la tentative de faire un portrait parfait et absolu de son visage -, est l’occasion d’un éveil amoureux que l’on perçoit à travers des dialogues philosophiques, métaphysiques, à l’opposé de ceux de la vie habituelle et familière. On imagine très bien, au fil de la lecture, ces deux personnages, se baladant dans des sentiers montagneux, disserter sur la vie, et échanger des paroles sur le bonheur, l’amour, la dépendance ou l’amitié. Ce qui est certain, c’est qu’Ariane symbolise l’éveil d’une vie qui prend conscience d’elle-même à travers la présence de l’autre ; autrement dit, c’est par la distinction que l’on parvient à se retrouver, en développant une mise en œuvre authentique de soi, prélude à la constitution d’une esthétique de l’existence.

Le véritable intérêt de la lecture de Siloé, finalement, se trouve peut-être dans cette formidable exploration d’une métaphysique oubliée ; dans la résistance aux assauts philosophiques, à l’appauvrissement des esprits, condition essentielle à toute industrialisation de la société, qui ne laisse aux ouvriers que « quelques bribes de beauté » comme le montre très bien Simone Weil dans La condition ouvrière, alors employée comme manœuvre sur la machine dans une usine. Gadenne en appelle ainsi à l’éveil des consciences face aux souffrances inévitables de la condition humaine – renouant avec une certaine conception tragique de l’existence empruntée aux anciens – afin, éventuellement, de parvenir à les distinguer de celles issues d’une soumission arbitraire et illégitime. Tout l’enjeu de Siloé se trouve ici : parvenir à transformer l’expérience humaine de la peine et de la douleur en beauté. Emporté par la maladie en 1956, Gadenne n’aura cessé de faire de sa vie individuelle les sources d’une philosophie de l’existence, trouvant dans la condition malheureuse qui fit de lui un être en souffrance, des raisons de demeurer joyeux et gai. 

Références

(1) Gadenne, Paul, Siloé, Éditions du seuil, p. 26

(2) Nietzsche, Par-delà Bien et Mal, Gallimard

(3) Gadenne, Paul, Siloé, op. cit., p. 96

(4) Ponge, Francis, Proèmes

(5) « L’étonnement est un sentiment philosophique, c’est le vrai commencement de la philosophie » (théetète, Platon, 155d)

(6) Gadenne, Paul, Siloé, op. cit., p. 93

(7) Spinoza, traité de la réforme de l’entendement, I, 1

(8) Montaigne, Essais, livre I, chapitre 14 « que le goût des biens et des maux dépend en grande partie de l’opinion que nous en avons », pléiade.

(9) Nietzsche, le gai savoir, Préface à la deuxième édition, Folio/Essais

(10) Gadenne, Paul, Siloé, op. cit., p. 248

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