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La Seine-Saint-Denis comme miroir de la France (par Stéphane Troussel)

Stéphane Troussel vient de publier aux éditions de l’Aube son premier ouvrage « Seine-Saint-Denis, la République au défi », que l’équipe du Temps des Ruptures a eu l’occasion de lire. Cet ouvrage, sous forme d’entretien avec Madani Cheurfa, est à la fois une autobiographie de Stéphane Troussel (son parcours, son engagement politique), un partage de sa vision du département aujourd’hui, et de ce qu’il imagine pour demain.

Stéphane Troussel vient de publier aux éditions de l’Aube son premier ouvrage « Seine-Saint-Denis, la République au défi », que l’équipe du Temps des Ruptures a eu l’occasion de lire. Cet ouvrage, sous forme d’entretien avec Madani Cheurfa, est à la fois une autobiographie de Stéphane Troussel (son parcours, son engagement politique), un partage de sa vision du département aujourd’hui, et de ce qu’il imagine pour demain.

 « S’engager pour ceux qui n’y croient plus ». Voilà comment commence le premier livre de Stéphane Troussel. Le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis revient sur son parcours politique : issu de parents communistes, il s’engage dans la voie du socialisme dans les années 1980, par adhésion à la voie tracée par le PS de l’époque, qui lui semble la plus à même de répondre aux enjeux contemporains et aux aspirations populaires. Il raconte ainsi l’histoire d’une gauche porteuse d’un espoir bien réel, qui a fait son succès , et d’une promesse toujours actuelle : celle de nouvelles générations vivant mieux que les anciennes. Le PS, à ce moment précis de son histoire, n’a pas rompu avec les classes populaires. Mais l’espoir a laissé la place à la désillusion au moment du quinquennat de François Hollande. A ce moment précis, selon Stéphane Troussel, le Parti Socialiste a failli à sa mission historique : défendre ceux qui en ont le plus besoin.

Stéphane Troussel évoque par la suite les nombreux défis que doit relever aujourd’hui la gauche pour reconquérir son électorat, dont une partie a basculé vers l’extrême droite, les « fachés pas fachos ». Se réapproprier la valeur travail et valoriser les salaires en est une condition sine qua non selon lui : les classes populaires ne vivent pas dans un monde dont l’horizon plus ou moins proche serait celui de la fin du travail. Fidèle à la doctrine socialiste, le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis se situe ainsi sans ambiguïté dans le camp du travail. Une autre tâche d’ampleur attend également la gauche selon lui : revendiquer haut et fort son attachement à l’universalisme républicain, c’est-à-dire, selon lui, concrétiser la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » partout sur le territoire national. Des développements supplémentaires sur ce point auraient néanmoins été intéressants pour le lecteur.

Plus loin dans l’ouvrage, Stéphane Troussel aborde un ensemble de thématiques, sous le prisme de la situation en Seine-Saint-Denis : désengagement de l’Etat central dans le département, croissance démographique, transformation industrielle, etc.. La Seine-Saint-Denis est un territoire en constante transition, un territoire historique d’immigration, un ancien bassin d’industrie désormais devenu « attractif » pour nombre d’entreprises.  

Mais un constat plus alarmant arrive : 28,6% de la population du département vit sous le seuil de pauvreté, contre 14,7% au niveau national, ce qui en fait le département le plus pauvre de France. Ce territoire est ainsi surexposé à de nombreuses difficultés, conséquence logique du désengagement de l’Etat : inégalités de richesses importantes, problèmes d’accès au logement (avec une hétérogénéité de la répartition du logement social sur le territoire du département), fermeture de services publics,  déserts médicaux, nombre de bénéficiaires du RSA en constante hausse, etc. Le constat est sans appel, le remède bien connu : la République doit s’incarner dans tous les territoires, notamment en Seine-Saint-Denis.

Stéphane Troussel évoque finalement ses ambitions face à l’ensemble de ces défis : l’école publique doit redevenir un ascenseur social, permettre une mixité réelle ; l’écologie doit être résolument populaire, et non punitive, surtout dans un département comme la Seine-Saint-Denis. Le président du conseil départemental évoque également les projets en cours : la candidature de Saint-Denis comme capitale européenne de la culture en 2028, l’expérimentation de la renationalisation du RSA. De belles perspectives qui doivent donc se traduire par des effets concrets.

Mais des motifs de réjouissance attendent également ce territoire : les Jeux Olympiques 2024, le Grand Paris Express, l’installation du CHU Grand-Paris Nord, l’installation de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Saint-Ouen ou encore du Ministère de l’Intérieur et des Outre-mer à Saint-Denis, etc. Autant d’évènements aux conséquences majeures pour le territoire, synonymes de plus d’emplois, plus de transports, de nouvelles infrastructures sportives si tant est que le département ne soit plus appréhendé comme une simple zone à traverser.

Ainsi, cet ouvrage est un bel hommage à ce territoire, qui démonte les idées-reçues et les mauvais clichés de ceux qui ne voient dans la Seine-Saint-Denis qu’une « zone de non-droit »  . C’est l’inverse que donne à voir Stéphane Troussel : la Seine-Saint-Denis est un territoire en mouvement, représentatif de la société française, de sa diversité, de ses difficultés et ambivalences et finalement des défis qui l’attendent.

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