Le siècle chinois des humiliations : l’histoire au service de la puissance

Le siècle des humiliations est le nom donné en Chine à la domination des puissances occidentales entre le XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe siècle. Loin d’avoir été oubliées, les défaites militaires, agressions et dominations étrangères de cette période sont habilement instrumentalisées par Pékin pour légitimer le rayonnement de la puissance chinoise.

Rupture

Puisqu’il est le nom de cet espace de pensée -que je remercie de m’avoir laissé la possibilité d’écrire en son sein-, je commencerai par réfléchir sur le concept de rupture.

Il pourrait paraître évident que les ruptures à l’échelle des vies sont souvent des moments qui nous font, nous forment, nous élèvent ou en tout cas nous marquent. Avec la même justesse d’esprit, d’aucuns diraient qu’à l’inverse, leurs vélocités, leurs brutalités souvent, leurs orgueils parfois, représentent plutôt des forces d’effacement, de déformation, de renoncement ou bien encore de décélération de soi.     

En toute hypothèse, les ruptures structurent le temps, le déclinant dans un avant, un après, un pendant et nos souvenirs les chargent de sentiments, de leçons et de faits marquants qu’on choisit de retenir, d’oublier, de truquer ou qui s’imposent à nous-même. L’étude des ruptures d’une vie est parfois simplement l’étude d’une existence. 

Ce possible à échelle humaine paraît être tout aussi vrai à l’échelle des Nations et, a fortiori, à l’échelle de la Chine. Étudier ses ruptures permet finalement de l’étudier et c’est tout l’objet de notre article : mieux comprendre la Chine.

Rupture de la puissance

L’histoire de la Chine est fascinante par bien des aspects : sa civilisation est vieille de cinq millénaires ; au travers de cet espace-temps, elle a inventé la poudre, l’imprimerie et le compas de navigation bien avant les sociétés européennes[1]. Elle a déployé des armées immenses à travers l’espace terrestre, formant un vaste empire et dominant une large périphérie de royaumes tributaires. Elle a lancé de formidables expéditions maritimes, découvrant des espaces lointains à des âges où l’Europe médiévale n’était pas aussi avancée techniquement. La Chine est l’architecte du plus grand aménagement de l’histoire de l’humanité avec sa Grande muraille, bâtie pour l’essentielle sous l’ère des Ming (1368- 1644), érigée le long de la frontière avec l’empire mongol – un ensemble long de 20 000 kilomètres, soit l’équivalent de la distance de Brest à Hong-Kong, aller-retour ! Xi Jinping en fait un marqueur du puissant passé glorieux de sa nation, posant fièrement lors de ses interventions télévisées devant une fresque de la muraille en arrière-plan.

Cet ensemble forme, au début du XVIIIème siècle, au moment où l’extension impériale chinoise est à son paroxysme, un empire vaste comme deux fois le vieux Continent et peuplé de 400 millions d’âmes – soit vingt fois la population du pré carré français de Louis XIV.

De loin, la Chine, de sa genèse à son apogée, serait à considérer – avec nos catégories actuelles et en passant les séquences de tensions internes – comme la première puissance politique, économique, technologique, militaire et agricole mondiale. Si les États-Unis d’Amérique tiennent relativement cette place dans nos temps contemporains depuis 1945, soit 80 ans, songeons que ce fut le cas de l’empire chinois pendant plusieurs centaines d’années ! 

En bref, jamais un empire n’a été aussi puissant pendant autant de temps, dominant autant de catégories de puissance sur un aussi vaste territoire.

Dans cette si longue histoire de puissance, la rupture – les empires depuis Sparte jusqu’aux Soviets le savent bien – ne peut qu’advenir ; il ne s’agit pas ici d’être hégélien et penser que l’histoire se répète avec constance mais remarquons simplement qu’aucun empire ne perdure jamais infiniment. 

Le moment de rupture pour la Chine a lieu lors de la fin de règne de la dynastie mandchoue des Qing ; ce moment, l’historiographie chinoise l’a nommé « le siècle des humiliations ». Il court du traité de Nankin en 1839 à l’avènement de la République populaire de Chine en 1949. En l’espace de moins de cent ans, la Chine passe d’un statut de puissance compilant un tiers des richesses mondiales à celui d’un vieux pays continental, pauvre et arriéré. 

Méthode

Cet article reprend largement des éléments issus de mon mémoire de recherche intitulé Humilier la Chine, réveiller l’Empire. Il a cherché à analyser la matérialité du siècle des humiliations chinois si singulier, à comprendre sa transmission aux consciences les plus diverses et à mieux saisir son actualisation et sa politisation à l’heure où la République populaire de Chine, depuis Deng Xiaoping (1978-1990) et surtout Xi Jinping (2012-), a retrouvé un statut de grande puissance.

Ce travail se construit dans une approche des relations internationales fondée sur l’étude des sociétés humaines comme structurantes dans l’international – une approche définie comme constructiviste – et se voit tout en même temps être porté par l’idée que l’État est le joueur cardinal des relations internationales et du politique – approche qualifiée de réaliste. Il combine en fait ces deux approches en proposant l’hypothèse visant à affirmer que l’État, pour dominer, cherche à imposer ses vues aux sociétés par d’autres phénomènes et d’autres moyens que la coercition et donc par une socialisation de sa politique.  De plus, notre étude donne sa chance à la sociologie, à l’histoire bien sûr mais aussi à la linguistique ainsi qu’à la philosophie.

A bien des égards, cette proposition croit dans la pertinence de la démarche médiologique dans l’étude de l’international. Par médiologie, nous reprenons le concept forgé par Régis Debray[2] et qui vise à l’étude des techniques et supports techniques qui rendent possibles ou qui façonnent des cultures, des comportements individuels et collectifs voire même des déploiements matériels de puissance. 

Enfin, cette étude positionne en son cœur l’analyse du concept d’humiliation que l’on retrouve finalement souvent dans le champ de l’étude des relations internationales mais qui a parfois pu être rejeté et inconsidéré dans la recherche. Pourtant, c’est notre hypothèse de départ : l’humiliation joue un rôle dans les relations internationales et un rôle fondamental dans le cas chinois.

Le cas chinois : l’humiliation au coeur 

L’humiliation est, par voie de conséquence, fondamentale en relations internationales. Songeons à son importance dans les consciences des sociétés après la chute de leur empire (chinois en 1911, ottoman, allemand et Habsbourg en 1919, soviétique en 1991, etc.). Songeons à l’humiliation de la débâcle française de 1940, à jamais dans les consciences des officiers français, des temps de Gamelin jusqu’à nos jours. Songeons à sa présence dans les temps de la guerre : une note des renseignements étasuniens datée de 1971 pose que 70% des raisons conduisant la poursuite des opérations nord-américaines au Vietnam reposent sur l’évitement d’une défaite face à une force infiniment plus faible, le Việt Minh[3]. Pensons aussi que son instrumentalisation motive et socialise l’engagement dans la guerre : la Russie de Vladimir Poutine, proposant le récit d’une Russie victime d’une expansion territoriale otanienne, humiliée par la chute de l’URSS et ignorée par l’Occident aux temps du moment unilatéral, a très largement contribué à la construction du consentement à la guerre rendant possible l’agression de l’Ukraine.

Pour la Chine, l’humiliation est au cœur d’une séquence historique longue d’un siècle. En cent ans, elle subit revers sur revers liés à une série des guerres coloniales – la première et la deuxième guerre de l’opium, la guerre sino-française, des guerres et des traités inégaux avec l’empire russe des Romanov, la guerre des Boxers, la prise nippone de la Mandchourie puis une guerre totale avec l’Empire du soleil levant.  Revenons brièvement sur ces évènements.

Phénoménologie des humiliations 

Les guerres de l’opium ont vu l’empire britannique puis français forcer l’importation de drogues en Chine par la « diplomatie de la canonnière », ravageant la santé mentale des élites mandarinales, très touchées par l’addiction au pavot ainsi que déséquilibrée la balance commerciale chinoise, auparavant largement excédentaire. Franco-britanniques ont frappé durement la Chine en saccageant puis incendiant en 1860, lors de la deuxième guerre de l’opium, le Palais d’été proche de Pékin, vaste comme 24 fois Versailles, orgueil d’une civilisation plurimillénaire en proie aux assauts des forces étrangères. La guerre franco-chinoise (1884-1885) a été une démonstration de force de la puissante marine de guerre française, opposée pourtant à ce qui se faisait de meilleur côté chinois – une flotte flambant neuve, sortie des chantiers navals de Shanghai, fierté du renouveau impérial issu des réformes. Celle-ci est coulée en quelques jours par la Royale qui, prenant le contrôle sur le royaume du Annam, vient d’achever la formation de l’Indochine.                                                    

La guerre des Boxer a été l’occasion pour plusieurs pays européens coalisés de se positionner dans des comptoirs le long du littoral chinois, ponctionnant de grande quantité d’argent et d’impôt aux autorités, réifiant la Chine, humiliant l’empereur.   

Enfin, doit être incluse dans le siècle des humiliations la guerre sino-japonaise (1935-1945) où la Chine nationaliste a été largement dominée par son adversaire nippon qui a perpétué, sur le territoire chinois, des massacres d’une violence inouïe, des crimes de guerre abominables comme notamment à Nankin, amenant la Chine à porter le deuxième plus lourd tribut du second conflit mondial et affaiblissant le pouvoir central, concurencé in fine par les communistes de Mao Zedong, alors en pleine émergence. 

En cent ans, la Chine et ses élites ont été incapables de trouver des réponses aux crises qu’elles ont subies : intrusions étrangères mais aussi guerres civiles, comme la révolte des Taiping tuant 50 à 70 millions de Chinois, et catastrophes climatiques. Rien n’a pu empêcher structurellement le déploiement de réponses à la hauteur de la situation. Réifié symboliquement, sanctionné économiquement, saigné démographiquement, ponctionné territorialement, occupé militairement, l’empire chinois n’aura été l’objet d’aucune réforme capable de le sortir de cette spirale infernale dont on ne saurait essentialiser les causes aux seules ingérences étrangères. 

Hautement attaché à son estime – l’empire chinois est celui du milieu, l’empereur de Chine est le fils du ciel, on se met à genoux devant lui, on embrasse ses pieds plusieurs fois, on ne considère aucun pays comme l’égal de l’empire -, la Chine est tellement touchée que se forme en elle une fracture narcissique majeure, une humiliation considérable. C’est cette humiliation que ses élites auront à cœur d’instrumentaliser sachant ce que ce sentiment peut faire naître et déployer.

L’invention du siècle des humiliationS

L’humiliation est ainsi au centre de l’histoire contemporaine chinoise et, en même temps, par construction sémantique, elle donne son nom à cet âge. Les historiens, essentiellement grâce aux travaux de Dominique Kalifa[4], ont forgé un concept pour parler du nom des temps : on parle de chrononyme

Notre première question est de savoir qui ou quelle entité est à l’origine de cette construction sémantique. La seconde interrogation de notre étude est de savoir pourquoi ce choix. Nous l’avons vu, il y a de quoi observer des humiliations dans ce passé mais est-ce suffisant pour englober et synthétiser cent ans d’histoire aussi complexe par cette terminologie ? 

Notre hypothèse est de penser qu’il s’agit de faire de l’histoire un instrument politique, un outil immatériel de puissance. On retrouve cette volonté d’abord chez les Nationalistes chinois (ils sont au pouvoir de 1911-1949) et leur chef de file : Sun Yat-sen. Ce sont eux qui, historiographiquement, inventent « le siècle des humiliations » c’est-à-dire qui qualifient ainsi cette période. Ils le font pour plusieurs raisons :  la Chine d’alors, dans les années 1920, est en pleine désunion. L’empire a chuté en 1911 et Sun-Yat Sen a fait naître la République. Ce dernier, puis son successeur Chiang Kai-Chek, cherchent l’unité politique et territoriale du pays à l’heure de la genèse républicaine.  La construction de ce récit est alors considérée comme un outil qui rend possible une politique de revanche, d’unité, de mobilisation générale d’un peuple contre un ennemi : les étrangers, causes des humiliations. L’empire étant réduit à néant, les élites nationalistes ont parfaitement conscience que pour faire nation, il faut un récit partagé, d’où cette nationalisation de l’histoire.

Bien que cette terminologie repose sur des phénomènes humiliants justifiant l’emploi du qualificatif « d’humiliations », ces matérialités historiques restent aussi, par certains aspects, des constructions qui ont pu être tantôt exagérées, tantôt décontextualisées et présentées sans mise en perspective globale. En effet, après les Nationalistes, les Communistes s’emparent de ce récit et, portant une approche marxiste des relations internationales, le transforment en une histoire commune aux allures victimaire, focalisée sur les impérialismes européens. 

Ce discours occulte les responsabilités chinoises dans la chute de l’empire, son incapacité à se réformer, sa désunion par des guerres civiles très largement plus meurtrières que les guerres coloniales. Il occulte ses propres politiques impérialistes largement offensives et exagère parfois l’importance de certains événements historiques. C’est le cas de la première guerre de l’opium, qui a abouti sur la concession de Hong-Kong aux Britanniques – ce qui est vu comme une humiliation doit être relativisé à l’aune de la taille de ce comptoir (minuscule comparée à l’immensité territoriale de l’empire d’alors).

En résumé, le fait d’avoir, par le chrononyme « siècle des humiliations », essentialisé l’histoire chinoise à l’humiliation est un choix politique, à mettre à distance d’une vérité historique matérielle. Ce récit historique a été largement utilisé pour critiquer l’héritage impérial des Qing et les impérialismes européens parfois à juste titre. Mais il a aussi une importance essentielle dans la recherche de la Chine à mobiliser une société face à un ennemi dans des moments de désunion générale : ce récit historique a été un formidable outil pour faire nation et est, à l’heure actuelle, utilisé comme un formidable outil de puissance. 

Un outil dans la guerre d’influence

L’histoire est une science, bien sûr. C’est aussi un outil de puissance, parfois. Pour le puissant Parti communiste chinois, elle permet de forger une mémoire qui serre les poings et fait battre les cœurs patriotiques. « Le siècle des humiliations » a permis cela à plusieurs moments de l’histoire chinoise, à chaque fois quand la situation pouvait paraître instable. Il a ainsi été instrumentalisé en 1920 par les Nationalistes -nous l’avons vu, en 1949 par les Communistes alors prenant le pouvoir et en 1989 quand l’unité vacillait après les manifestations étudiantes place Tiananmen. Depuis, il a muté, doublant sa fonction : à l’unification du pays s’ajoute désormais le rayonnement international chinois.

En effet, à bien des égards, le concept de « siècle des humiliations » fait partie intégrante d’une stratégie d’influence de la Chine et d’une guerre des mémoires menée par celle-ci pour proposer et imposer une certaine lecture de son passé à sa population et à d’autres puissances. 

Ce récit jadis construit pour forger l’unité interne de l’empire est désormais non seulement un instrument de cohésion nationale mais aussi une force destinée à influencer le monde extérieur et y prendre place dans les imaginaires. Il est le bras armé intellectuel qui porte la théorie d’un retour de la Chine à la puissance. Il prouve la théorie de la parenthèse occidentale, chère à Kishore Mahbubani, et qui pose que l’Occident n’a été puissant qu’un moment et qu’à l’échelle de l’histoire ce moment n’est qu’une parenthèse qui est en train de se refermer. Les Chinois, par ce récit du siècle des humiliation, disent que finalement, du fait de l’Occident, ils ont été mis à terre et que grâce au communisme, ils reviennent au premier plan, en tant qu’architectes de la clôture du moment européen et nord-américain. 

Ce récit se concrétise jusque dans les manuels d’histoire, l’érection de tels ou tels monuments historiques, l’hymne national, les chansons populaires mais pas seulement : le cinéma chinois, le premier au monde en termes de fréquentation, se mobilise pour imposer cette narration : le succès de Sacrifices of War (Zhang Yimou, 2011), film qui revient sur la guerre sino-japonaise, est à ce titre un exemple frappant. 

Nous voici ainsi face à une anthologie pathétique forgée patiemment et toujours sur l’établi pour garantir, par l’histoire et la mémoire, un consentement au PCC et une adhésion internationale à ses valeurs. Cette politique d’influence n’est pas le fait unique d’acteurs publics chinois mais aussi du privé, nécessaire pour que fonctionne cette diffusion globale comme l’a très bien démontré Yochai Benkler dans La propagande en réseau[5].

Les réponses à ce récit  

Aujourd’hui, le concept de « siècle des humiliations » est donc un outil au service d’une politique de puissance. Il résulte de la volonté des cadres du PCC de vouloir illustrer le retour de la Chine sur la scène internationale et de montrer la supériorité du modèle chinois sur celui, prétendu et sans doute essentialiser, de l’Occident. Cette histoire permet de forger l’image d’une puissance victime du colonialisme et donc nation membre, voir cadre, d’une communauté internationale des « humiliés ». Poser la Chine en puissance d’équilibre et cheffe de file de ces anciens pays colonisés permet de l’opposer clairement aux États-Unis d’Amérique, résumés quant à eux à leur interventionnisme militaire et leur statut de puissance déstabilisatrice. Cette opposition est fondamentale dans la perspective d’une nouvelle guerre froide opposant les deux nouvelles superpuissances. 

À bien des égards et dans de nombreuses régions du monde, ce récit plait : les autres puissances victimes des impérialismes s’en inspirent. Bien sûr, la construction historique de « l’empire retrouvé » fait peur à l’Occident – parfois de manière disproportionnée, en lien avec le vieux fantasme aux relents racistes du « péril jaune »[6] qui est parfaitement étranger à cette étude. 

Des deux côtés, la justesse se trouve dans la mesure. La Chine ne saurait être vierge de toutes politiques de conquête, de massacres inhumains et de guerres d’invasions terribles.  Bien sûr que la Chine manipule son histoire – il suffit pour cela de voir sa proximité chaleureuse avec la Russie, pourtant puissance cadre des humiliants. Il y a là l’exemple manifeste d’un double standard qui paraît hautement antinomique aux discours portés par la Chine. Face aux faits, l’idéalisation ne donne jamais rien d’autre qu’une désillusion.                  

Tout en même temps, l’Occident n’est pas pour rien dans les problématiques que la Chine a connues. Que l’Europe, le Japon et même les Nord-Américains aient été l’une des causes des maux de l’empire doit être dit car c’est le réel. Qu’ils n’aient pas su prendre leurs responsabilités, dire les mots pour décrire le réel, assumer leurs actions pour les guerres, les traités inégaux, les saccages et les humiliations n’a pas permis une justesse dans leur considération et dans leur relation avec Pékin. Mais tomber dans le piège qu’il tend ne saurait être la solution absolue de notre stratégie. 

Aussi, nous ne saurions ici donner de leçon ni même de solution, mais assumer le réel sans l’exagérer, sans l’oublier, sans le cacher, adopter une posture d’humilité et d’ouverture, voilà ce qui pourrait aider nos chancelleries à pouvoir poursuivre le dialogue, battre en brèche les récits qui les menacent et par la suite, en finir avec nos incohérences parfois dures à supporter pour nous amener à être plus libres dans l’exercice de la diplomatie et la recherche de la paix perpétuelle. Ne laissons pas le XXIème siècle, siècle des humiliés[7], être accaparé par une puissance voulant les manipuler pour les synthétiser et finalement les gouverner. 

Léo Delahaye 

Auteur du mémoire « Humilier la Chine, réveiller l’empire », à retrouver dans la bibliothèque universitaire de l’institut d’études politiques de Strasbourg.

Références

[1]   J. K. FAIRBANK, La grande révolution chinoise, 1800-1989, Paris, Flammarion, 2015

[2] « Qu’est-ce que la médiologie ? », par Régis Debray (accès libre, août 1999) // https://www.monde-diplomatique.fr/3178

[3]  « Foreign Relations of the United States, 1964–1968, Volume II, Vietnam, January–June 1965 – Office of the Historian », s. d. (en ligne : https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1964-68v02/d193)

[4]  D. KALIFA (dir.), Les noms d’époque: de « Restauration » à « années de plomb », Paris, Gallimard, 2020

[5] Y. BENKLER, Network Propaganda, Oxford, Oxford University Press Inc, 2018

[6] F. PAVE, Le péril jaune à la fin du XIXe siècle, fantasme ou inquiétude légitime ?, Thèse univ. du Maine sous la direction de N. VIVIER, 2011.

[7]  B. BADIE, Le temps des humiliés : pathologie des relations internationales, Paris, France, Odile Jacob, 2019

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